Conclusion

1. Une définition personnelle de l'écologie


  • L'Homme : L'écologie que je défends ici, c'est l'Homme avant tout. La nature et la vie n'ont pas besoin de l'écologie pour exister, et les catastrophes planétaires qui ont mené à des extinctions massives (et emportant en premier les extrémités des chaînes alimentaires) n'ont d'ailleurs jamais eu raison d'elles. Ainsi, la disparition des espèces liée aux activités humaines n'est pas en drame en soi, sauf si elle remet en cause l'existence même de l'Homme, tout du moins tel qu'il existe aujourd'hui. L'équilibre planétaire étant extrêmement complexe, personne ne peut dire avec précision où se trouve la limite au-delà de laquelle les dynamiques destructrices deviennent irréversibles. C'est pourquoi le principe de précaution appliqué à la survie de l'être humain dans de "bonnes conditions" nous enjoint à réduire instamment notre impact général sur l'environnement, insoutenable à long terme.
  • Le bien-être : Cela dit, sans même évoquer la notion de survie, mais simplement celle de la qualité de vie, la dégradation de l'environnement conduit à diminuer le bien être moyen attendu à terme à la surface du globe. De même, cette dégradation s'accompagne d'une pression croissante de l'environnement sur l'humanité, au niveau énergétique, alimentaire, sanitaire, qui tend à alimenter les conflits entre peuples. À l'intérieur même des nations, cette période de crise entraîne souvent inquiétude et repli sur soi, terreau du populisme et des réponses simplistes et inefficaces aux problèmes compliqués.

Et pourtant, même en étant conscient de ces dangers, nous avons du mal à nous en convaincre et à prendre les décisions qui s'imposent. Nous sommes en fait tous schizophrènes, moi le premier. En grande majorité, nous sommes convaincus qu'il serait bon de préserver notre environnement, mais nous éprouvons les plus grandes difficultés à mettre en accord nos actions avec ce noble objectif. Nous avons appris à aimer consommer, nous avons pris des habitudes non soutenables, et y renoncer à titre définitif nous semble... compliqué, voire douloureux.


2. Une présentation chauvine ?

Comme vous l'avez remarqué, bien que les enjeux énergétiques et climatiques soient internationaux, cette présentation est étonnamment centrée sur la France. Afin d'éviter de faire qualifier ma présentation de chauvine, voici quelques explications :

  • De manière générale, plus les événements négatifs sont situés à grande distance de nous, moins ils nous touchent. En insistant sur les risques encourus par les français, je souhaite impliquer plus fortement le lecteur/spectateur.
  • La France a une spécificité énergétique, le nucléaire, qui n'est guère comparable au reste du monde. Si j'avais cherché à reproduire mes petits calculs à l'échelle mondiale, les conclusions que j'en aurais tiré auraient été inadaptées au cas français.
  • Le mouvement de transition énergétique peut partir du "haut" (Chefs d’États, personnages politiques), mais il peut également partir du "bas", à échelle locale. Présenter les enjeux et les possibilités d'orientation françaises rentre dans le cadre de l'échelle locale, et plus la conscience citoyenne s'éveillera, plus l'univers politique s'emparera du sujet.
  • Je crois à la valeur de l'exemple, au poids de la France dans le monde et surtout en Europe. J'imagine que si la France prenait des décisions ambitieuses, d'autres États pourraient être amenés à suivre, notamment au sein de l'Union.


3. Synthèse des faits

Pour beaucoup, nous avons vécu toute notre vie dans un univers de haut confort matériel. Nous n'avons plus aucune préoccupation liée à des exigences vitales à court-terme, contrairement à de nombreux autres humains sur la planète. Par contre, nous prenons lentement conscience d'exigences vitales à long-terme concernant l'énergie et le climat. Il est de notre devoir de nous préoccuper de la transition énergétique, pour nous, comme pour ceux qui ne le peuvent, tellement les enjeux de court-terme sont prégnants. Récapitulons donc les faits :

  • Consommation : Chaque français consomme en moyenne 100 fois plus d'énergie qu'il n'est capable d'en produire physiquement. Le prix de l'énergie payé par un français aujourd'hui est environ 600 fois inférieur à celui qu'il paierait si celle-ci était produite physiquement par ses compatriotes.
  • Ressources limitées : Sur la totalité de l'énergie consommée en France, 85% est importée, dont quasiment 100% du pétrole, gaz, charbon et uranium. Nous avons, ou sommes sur le point, de passer le pic de production de pétrole. Nous passerons vraisemblablement le pic de production de gaz dans moins de deux décennies. À horizon 2030, si l'on souhaite conserver le même mix énergétique, il faudra renouveler le parc nucléaire. Dans tous les cas, le nucléaire subira également une tension sur son approvisionnement en 2050 (à moins de passer à la génération 4, mais en voulons-nous ?). Par ailleurs, une majorité de ressources non renouvelables verront leur pic de production d'ici 2050. Certaines ressources renouvelables sont également en péril, notamment alimentaires.
  • Impact climatique : La répartition géographique des maladies infectieuses va évoluer. Les vagues de chaleur et sécheresse vont s'accentuer. Les catastrophes naturelles vont s'intensifier. Les réfugiés climatiques vont se multiplier.Certaines années, il ne sera pas possible de faire de sport d'hiver !
Si l'on tire des leçons de l'Histoire, alors ces contraintes engendreront des crises systémiques, qui risquent d'engendrer les effets suivants :

  • Internes : Ces crises feront le lit du populisme, dont le principal atout consiste à donner des réponses simplistes à des problèmes complexes. Il est ainsi possible de désigner un bouc émissaire, en général l'étranger, et de se replier sur soi, diminuant ainsi toute faculté de résilience face à la contrainte énergétique.
  • Externes : Les conflits pour l'énergie et les ressources naturelles existaient déjà en période de croissance et d'opulence. Qu'est-ce que cela deviendra en période de rareté ?



4. Conclusion

Le changement c’est maintenant ! Le sentiment que le monde atteint ses limites est partagé. La conjonction de crises est là pour le prouver. Il est temps de renverser la vapeur.

  • Soyons lucides : L'énergie est le fondement de notre mode de vie actuel, et le climat en est une limite. Les crises que nous traversons en sont les conséquences les plus manifestes. Elles sont systémiques, il ne sert à rien de coller des rustines, il faut reprendre l'ensemble.
  • Soyons ouverts : La principale difficulté sera de modifier radicalement notre mode de vie. Il nous faut passer d'une société de possession à une société d'usage.
  • Soyons actifs : Le déclin est purement physique, il est donc inévitable. Nous pouvons l'accompagner ou le subir. L’enjeu principal est notre bien-être, qui sera d’autant plus élevé que les actions auront été entreprises tôt. Il nous faut donc agir, pas réagir !
  • Soyons optimistes : C’est dans la contrainte que s’exprime la créativité. Les solutions techniques et comportementales existent, et en aucun cas elles n’auront pour conséquence systématique une baisse de la qualité de vie.
  • Soyons courageux : Les arbitrages vont être compliqués, car il y aura des sacrifices et des sacrifiés. Mais s'y prendre tôt permet d'augmenter les marges de manœuvre pour les aider. Nous devons accepter de perdre un peu de confort aujourd'hui pour garantir celui de demain.
  • Soyons premiers : Cessons d’attendre les autres. La crise des ressources/exutoires est une opportunité de développement gigantesque, le premier à attaquer, le premier à s’en sortir, et accessoirement le premier à créer un nouveau marché. “On a pas de pétrole mais on a des idées !”
  • Soyons collectifs : A enjeux mondiaux, réponses mondiales. La diversité et l'alliance des intelligences et des ressources est notre meilleure arme face au défi immense qui nous attend.
  • Soyons volontaires : Pour changer le monde, il faut changer les esprits et les gestes. Informez-vous, diffusez l’information, signez les pétitions, agissez !



Date de mise en ligne : juin 2012
Dernière mise à jour : septembre 2012

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